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Récit d'aventure : Trekking autour de Sachs HarbourÎle de Banks - Territoire de Nord Ouest - Canada------------------------------------------- Récit de l'aventure par Catherine Coppin, une des participante ------------------------------------------- Quelques dates 2003 :20 juin : arrivée à Sachs Harbour sur
l'île de Banks Un twin otter permet de rejoindre l’île de Banks en vol régulier deux fois par semaine. Nous avons donc quitté Inuvik pour Sachs Harbour le jeudi à 13 heures, par une température de 5°C. Le temps est ensoleillé. Nous ne sommes que tous les quatre dans cet avion que nous venons de charger de nos sacs à dos, à raison de deux par personne. Nous sommes très excités et avons préparé nos appareils photo… C’est fabuleux, le ciel dégagé permet d’apprécier le paysage du Nord Canada, paysage vierge de toute vie humaine, parsemé de nombreux lacs gelés. Puis, apparaît la banquise. Ces immenses morceaux de glace qui se fragmentent font entre un et trois mètres d’épaisseur. C’est la banquise, assez chaotique, laissant apparaître ses eaux libres, qui s’offre à nous. Soudain, la côte apparaît…c’est l’île de Banks, sauvage, légèrement vallonnée, aux couleurs de terre fauve et de neige. Nous sommes assez secoués à l’atterrissage sur un sol de terre battue. A la descente de l’avion, nous sommes saisis par un froid sec, nous nous hâtons de récupérer nos sacs et le pilote remet au personnel de l’aéroport quelques caisses de victuailles pour les habitants du village (œufs, pain longue conservation…). Nous sommes autorisés à monter dans la salle de contrôle tenue par un jeune Inuvialuk pour remplir nos gourdes d’eau et en profitons pour lui demander des renseignements sur les endroits où nous pourrons observer une faune intéressante… Il est très heureux de nous montrer dans sa lunette un troupeau de bœufs musqués qui se trouve environ à cinq kilomètres, le long d’une rivière. La neige est encore omniprésente, la saison ayant une quinzaine de jours de retard. Le
village est situé environ à deux cents mètres en
contrebas, et chargés de nos sacs, nous nous y rendons. Dès
les premiers pas, nous nous rendons compte de la nature très
spongieuse du terrain et nous enfonçons dans les premiers névés.
Les Inuvialiut nous réservent un accueil étonné mais très
chaleureux. Nous sommes les premiers européens à vouloir
fouler leur terre et ils ne sont pas vraiment au courant des
formalités administratives. Nous avons installé notre
premier camp près du village car nous avons dû attendre le
lendemain pour pouvoir signer l’autorisation d’effectuer
notre raid de deux semaines.
De
Sachs Harbour, nous avons décidé de longer jusqu’aux
premières falaises la côte Ouest qui jouxte la mer de
Beaufort, avant d’entrer dans les terres, longer la rivière,
la traverser, longer les collines et faire ainsi une boucle
d’une quinzaine de jours de marche à la découverte de la
faune et de la flore d’une partie représentative de cette
île de l’archipel du haut arctique canadien.
La
température annuelle moyenne est d’environ –14°C avec
une moyenne en juillet de +6°C et en août de +1°C et une
moyenne hivernale de –30°C. La plaine côtière est formée
de sable, de graviers et de galets. Elle se caractérise par
un relief vallonné très peu élevé. Les précipitations
annuelles varient autour de 150 millimètres. Les terres
sont très humides, les rivières très larges et composées
de nombreux bras dans lesquelles se jettent beaucoup
d’affluents.
Ce
matin, le ciel est bleu ; il n'y a pas de vent et la température
est d'environ -5°C. Les papiers sont en règle, nous
pouvons partir…Nous quittons alors le village sous le
regard curieux des Inuvialiut qui ne comprennent pas ce que
nous venons faire ici…(nous leur avons expliqué que nous
venons faire un trek de quinze jours pour découvrir l’île,
sa faune et sa flore). Nous sommes partis assez tard et
avons avancé seulement de 5km, dès que nous avons trouvé
un point d'eau ; une bien sympathique petite rivière. Nous
plantons la tente et après un bon repas, profitons de ces
longues journées où jamais le soleil ne descend derrière
l'horizon pour faire une longue promenade digestive. Nous
avons déjà pu voir des saxifrages, des pédiculaires
laineuses pas encore en fleur. La nature commence seulement
à se réveiller… Sur le sol de couleur fauve, nous
distinguons un crâne de renard intact. De loin, nous avons
aperçu le sol fragmenté de grands polygones de toundra.
Ces grands polygones sont formés par les infiltrations
d’eau dans la mince couche de terre qui dégèle. Cette
eau gèle, soulève des mottes de terre couvertes de toundra
qui se fissurent au dégel. Le sol reste gelé en
profondeur, ce qui permet d'apercevoir la glace, sous l'eau,
dans les fissures des polygones. Le sol qui dégèle en
surface, appelé pergélisol, est mou sous les pas.
Le
lendemain, nous quittons le campement de bonne heure afin
d'avancer jusqu'aux falaises. Le temps au réveil est
ensoleillé et froid pour devenir de plus en plus couvert et
laisser place le soir à des chutes de neige. Nous sommes très
chargés et avançons difficilement sur les polygones de
toundra. Les pieds s'enfoncent dans la boue chaque fois que
le polygone est démuni de mousse. Nous avons pu observer un
couple de gerfauts voler au-dessus de nos têtes en haut de
la falaise pour surveiller le nid où nous avons pu compter
quatre œufs. Puis, une première difficulté s'offre à
nous. Il nous faut enfiler les wader pour passer la rivière
à l'endroit où elle se jète dans la mer. Nous en
profitons pour faire photos et films. Le camp est installé
près des falaises, ce qui nous permet une longue balade sur
la plage…. Du haut de ces falaises, on peut apercevoir des
colonies de phoques, souvent par cinq, se reposer sur la
banquise. Les falaises sont très friables et laissent ainsi
peu de chance à la bonne accroche des nids. Nous sommes là,
sur le sable, tout près de la banquise. C'est fantastique !
Le sable fin et humide laisse apparaître de nombreuses
traces de renards et de loups. Sur la falaise, des couches
de bois fossilisés sont facilement visibles. Il s’agit de
bois issu d’une forêt sub-tropicale qui remonte à
plusieurs millions d’année. Tandis que nous rejoignons
notre camp, nous pouvons suivre un passage d'eiders, puis de
bernaches du Canada au-dessus de la banquise.
Le
jour suivant, nous traversons un vaste plateau de toundra et
longeons la falaise. C'est très marécageux près des lacs
que nos contournons. Soudain au loin, nous entendons un
bruit de moteur. En peu de temps, deux inuvialiut, en quad
s'approchent de nous pour nous saluer et nous demander si
tout allait bien. Ils sont armés de fusils et se dirigent
vers la banquise pour chasser le phoque. La présence
d'eiders à tête grise et à duvet nous invite à poser nos
sacs à dos pour une longue pose photos. En effet, nous
avons également remarqué un vol de gerfaut au-dessus de la
falaise et nous y dirigeons ensuite. Sur la toundra il y a
présence de nombreuses traces de bœufs musqués et de
leurs ossements. Nous plantons la tente ce soir là sur la
plage de sable gris à une dizaine de mètres de la banquise
où la lumière du soleil à travers les nuages offre un
paysage exceptionnel. Une langue de terre d'une quarantaine
de mètres s'avance dans la banquise sur plus de cinq kilomètres.
Malgré le froid de cette fin de journée, nous partons au
milieu de ce désert de glace, coupés par le froid mais
combien émerveillés par la beauté de la banquise déchiquetée.
A plusieurs reprises nous avons pensé que l'endroit, très
riche en phoques, était propice à la présence de
l'ours…. Au retour nous nous hâtons de rejoindre la tente
pour se faire chauffer une bonne soupe et préparer un bon
plat lyophilisé. Aujourd'hui, le plafond était très bas
avec de très légères apparitions du soleil dans la brume.
Nous avons goûté au grésil et sous la tente, la température
était bien négative.
Le
réveil suivant s'est fait sous le grésil et le vent. La
glace colle à la toile de tente et glisse en plaques. Nous
en profitons pour rester sous la tente et c'est seulement
vers midi qu'apparaissent les éclaircies. En début d'après
midi, nous nous décidons à partir, après quelques dernières
photos de la banquise sous une lumière et des couleurs
particulières. Maintenant, nous quittons la banquise pour
l'intérieur de l'île. Nous entrons dans un véritable désert,
une immense étendue morne, sans vie, aux chaudes couleurs
fauve. La progression y est difficile et lente, tant les
polygones sont imbibés d'eau. Ce désert est semé de
nombreux lacs encore gelés en partie avec au loin les
falaises partiellement couvertes de neige. Nous avons pu y
observer les oies des neiges en vol (très craintives et
difficile d'approche), des eiders à duvet, un labbe à
longue queue, des cygnes de toundra et deux grues. Nous décidons
d'installer le camp au cœur de ce superbe environnement
mais sur un terrain plutôt gras, les chaussures couvertes
de boue, mais tellement heureux ! Le vent souffle fort et
fait chuter la température à environ -10°C dû au
refroidissement éolien. Ce soir là, nous ne sommes pas
ressortis après le repas pour trouver bien vite la douceur
du couchage.
La nuit n'a pas été très réparatrice car nous avons eu froid et le "matelas" était très bosselé et peu confortable… Par contre, la progression ce matin est nettement plus rapide. Le terrain est nettement plus herbeux avec de l'eau stagnante. Cette journée est faste en observation. Les nombreux lacs hébergent une multitude d'oiseaux : hareldes boréales, grues, cygnes de toundra, eiders, oies des neiges, labbes. Nous avons pu photographier un pluvier argenté, son nid abritant trois œufs à même la toundra et un lagopède. Nous avons également vu notre premier renard polaire dont le pelage hivernal était encore bien présent mais il s'est sauvé bien trop rapidement pour être photographié. Nous
sommes surpris de rencontrer quelques chenilles noires très
poilues et quelques cocons très opaques ; un autre où par
transparence on aperçoit à l'intérieur la chenille en
transformation. Nous sommes émerveillés de constater la
force de la nature face aux conditions de vie, à la dureté
du climat. Le soir venu, après le repas, nous avons effectué
comme chaque jour notre balade digestive et avons vécu un
grand moment d'émotion… Les bœufs musqués, nos premiers
bœufs musqués aperçus à la jumelle ; trop loin, mais
nous en avons compté facilement une trentaine.
C'est
sous un beau ciel bleu et sans un souffle de vent que nous
faisons quelques clichés de carcasses de bœufs musqués,
près de nos tentes. Au moment de partir, nous avons la
surprise de voir un lemming variable sortir de son trou,
juste à l'endroit où nous avions planté notre tente. Nous
avons dû l'empêcher de vivre, lui qui à une vie si
courte. En effet, le lemming à une durée de vie de 12 mois
seulement. Peu farouche, plutôt intrépide, nous avons eu
loisir à faire de nombreuses photos, tous les quatre à
plat ventre autour de lui, même avec un objectif macro…La
progression est toujours difficile ; beaucoup de marécages,
de polygones de toundra gorgés d'eau, traversées de névés
et d'une rivière. Nous avons eu le loisir de voir courir un
renard vêtu de son pelage blanc hivernal. Sur cette île,
le renard est chassé par l'homme et est de ce fait peureux.
Nous avons pu également observer au cours de cette journée
particulièrement belle, sans nuage : des bernaches cravant,
des eiders, des chouettes harfang, le bruant lapon, un
chevalier et son nid. Une fois repérés, les bœufs musqués
près de la rivière, nous avons planté le camp face à un
magnifique paysage : rivières, lacs, névés et en arrière
plan le lent déplacement des bœufs musqués.
Notre
excitation est au maximum ce matin. Nous avons pour objectif
la traversée de la rivière. Elle s'étend sur une dizaine
de bras coupés de marécages d'après la carte,
(cartographiée dans les années 50 par les Canadiens). Nous
revêtons nos waders et chaussons les sandales. Après avoir
traversé les trois premiers bras, dont un assez profond,
nous avons cherché un passage pour franchir le quatrième.
Jean-Marc a fait une tentative sans sac, mais le courant est
fort et il a rapidement de l'eau à la taille. Nous avons
rebroussé chemin, décidé à remonter le long de la rivière
jusqu'à trouver un passage plus facile. Après maintes
tentatives couronnées d'échecs, nous nous décidons à
poser le camp afin de chercher un passage sans portage pour
le lendemain. Nous en avons profité pour photographier le
saxifrage œil de bouc, et la drave. Nous avons suivi le vol
d'oies, de grues et de cygnes. L'Eider, le lagopède et l'Harelde
boréale se sont laissés approcher, contrairement à la
chouette harfang que nous ne réussissons pas à prendre en
photo. Les bœufs musqués se rapprochent et nous avons fait
une première photo, encore trop loin malgré tout. Après
un camp sur une petite île entre les bras de rivière et un
souper copieux, nous partons à la recherche d'un passage.
Ce
matin nous décidons de partir pour un passage plus en
amont, où la vallée plus large doit nous offrir un débit
de rivière moins important. Nous remontons sur près de
trois kilomètres, dans des terres marécageuses longeant
les bras de rivière. Nous laissons sur le chemin les bois
de caribous et cornes de bœufs musqués ramassés les jours
précédents afin de les reprendre au retour. Nous tentons
une nouvelle fois une traversée. Nous sommes déçus, nous
ne traverserons pas et décidons de remonter encore la rivière.
Les échecs se succèdent et avec eux s'envole définitivement
l'espoir d'approcher les bœufs musqués et peut-être aussi
les loups. Le moral est en baisse, mais d'un commun accord
nous reconnaissons combien il serait imprudent de risquer un
passage avec tout le matériel. Avant de partir, nous avons
pris au 600mm, avec doubleur le bœuf musqué qui se
trouvait de l'autre côté de la rivière. Nous poursuivrons
donc notre boucle, et qui sait peut-être aurons-nous la
chance de rencontrer un autre troupeau, plus facile
d'approche…Résignés, nous reprenons notre marche vers le
haut de la colline, en direction du lac indiqué sur la
carte, pour planter les tentes. Le camp, nous le montons en
hauteur d'un grand lac encore largement gelé, près d'un
cours d'eau et face à une surprenante dune de sable jaune.
Le point de vue est une nouvelle fois sublime. Le temps est
toujours ensoleillé et l'observation aussi riche, dont un
passage d'une trentaine d'oies des neiges.
La
décision du jour est chasse photo, dans l'autre vallée,
vers les lacs côtiers. Après quelques tentatives
d'approches de grues, et d'Eider avec succès sur le lac,
nous partons. C'est une étape difficile ; nous avons marché
5 heures pour seulement une douzaine de kilomètres. Nous
longeons une rivière à fort débit, entourée d’un
immense névé que nous avons dû traverser à gué, revêtu
de nos waders, à l’exception de Jean Marc qui a décidé
de traverser à pieds nus, y compris le névé…. Il ne
s’est pas plaint mais semblait souffrir, quoi qu’il en
dise, du froid ! Cet endroit est très beau et nous
avons pris quelques photos de paysages. Nous avons traversé
une toundra sur le plateau. Le terrain est très marécageux
et les polygones de toundra sont plus ou moins boueux ;
mais quelle récompense quand nous arrivons en haut de la
colline…nous découvrons un grand lac encore a moitié gelé
et en face, une immense dune de sable jaune. C’est
surprenant, très étonnant mais tellement beau que nous
restons assis un moment avant de décider de l’endroit où
nous allons poser le camp, ici ou plus près du lac. Nous décidons
de descendre et se rapprocher du lac. Nous campons en léger
surplomb du lac, un immense désert, face à la dune et non
loin d’une rivière où coule, au milieu de la glace, une
eau très limpide. Au loin, nous pouvons revoir la banquise,
qui semble-t-il a bien fondu depuis notre arrivée. Nous
observons deux cygnes de toundra, deux bécasseaux, des
eiders et un passage d’oies. Nous entendons couler la rivière ;
il fait très beau et nous tardons à nous coucher…
Le camp est à demeure pour trois nuits ; il faut reposer les organismes et il y a possibilité de faire des boucles autour. Ce matin, nous décidons de partir pour la journée sur les hauteurs du plateau qui nous surplombent. Il fait chaud. En haut de la colline, deux lacs presque totalement gelés. L’un des lacs étant plus élevé que l’autre, la traversée entre les deux lacs est très humide du fait de la fonte de glace du lac supérieur vers le lac en aval. Nous faisons notre pose déjeuner au bord d’un lac sur lequel se trouvent trois hareldes qui glissent sur le peu d’eau libre du lac gelé. Nous restons un long moment à les observer et les photographier. Il semble qu’il s’agisse de deux mâles qui se disputent une femelle ; la scène est amusante. Du haut de la colline, nous apercevons à nouveau des « points noirs » - des bœufs musqués – qui semblent, à la jumelle, se trouver avant la partie large et profonde de la rivière. Après concertation, il reste une chance de les approcher et Laurent réussi à décider Jean-Marc de partir très tôt le lendemain matin pour tenter l’approche. A lecture de la carte, il faut faire environ 30 km aller-retour dans des conditions de terrain difficiles, polygones, marécages, rivières… sans la certitude que le niveau des rivières soit franchissable. Nous redescendons donc vers le lac près du camp et après un copieux repas, nous faisons notre promenade digestive en direction de la dune, le long de la rivière. Ici, les saules rampants sont plus hauts du fait d’un ensoleillement plus important et qu’ils soient à l’abri du vent. Le soir, le soleil, descend légèrement, les couleurs sont moins saturées et c’est le moment favori pour faire des photos de paysage ; les couleurs des collines sont plus fauves. Avant
de rejoindre la tente, nous avons eu loisir d’approcher un
couple d’eiders à duvet.
Il fait encore très beau, même chaud pour la latitude où nous nous trouvons. Il est sept heures quand nous sommes prêts à partir. C’est la grande excitation…peut-être les bœufs musqués au rendez-vous ! ! Il faut compter quatre heures pour y arriver. Le soleil présent depuis plusieurs jours rend le terrain moins boueux et la progression est moins difficile que prévu. Après avoir traversé une grande zone de polygones, nous arrivons sur une zone herbeuse. Vérification aux jumelles : les bœufs musqués n’ont pas bougé…ils sont toujours au même endroit. Les premiers bœufs rencontrés sont installés sur la neige. Ils ont besoin de froid avec ce soleil ardent qui chauffe leur fourrure. Enfin, à quelques centaines de mètres, la rencontre. Deux bœufs sont couchés en train de ruminer ; deux mâles imposants… L’émotion est à son comble lorsque ces deux masses se lèvent ensemble. Le cœur palpite… Nous approchons avec méfiance. Les premières photos sont dans la « boîte » à une centaine de mètres de distance. Un des bœufs semple plus irrité ; il commence à frotter ses pattes sur ses glandes prêts des yeux, ce qui nous oblige incontestablement à reculer à une distance plus raisonnable. Nous décidons de repartir vers la rivière. Nous nous tenons à une distance correcte d’environ deux cent cinquante mètres du troupeau pour prendre notre repas et les observer. L’approche commence. J’enfile mon wader pour franchir le premier bras de la rivière. Les animaux pour l’instant ne s’en inquiètent pas. Nous enchaînons photos sur photos. Nous décidons de passer le bras suivant mais là, les males semblent inquiets. Je continue à « mitrailler ». Je comprends alors que la présence d’un petit dans le groupe les rend plus excités. Les mâles commencent à se regrouper en demi-cercle, têtes tournées vers nous. La femelle et son petit se dirigent à l’arrière. La scène est forte, extraordinaire. L’émotion est très forte. Nous nous hâtons de terminer nos pellicules et prudemment, rebroussons chemin. Notre joie est intense, même si avec le recul nous pensons avoir « jouer avec le feu ». La barrière à nouveau constituée par la rivière nous a incités à être plus téméraire. Une fois revenus à notre point d’observation initial, les bœufs musqués ne se soucient plus de nous et retrouvent leur quiétude. Il
est l’heure de retrouver le camp. Trois heures et demi de
marche nous attendent…. Nous ne cessons de partager nos sentiments et émotions tout
au long du chemin. Cette journée a été la plus chaude,
pas un nuage. Le soir, nous sommes retournés le long de la
rivière. Nous avons vu de nombreuses traces de loups et de
renards.
Ce
matin nous sommes réveillés par un vent assez fort qui
secoue la tente. Après une sortie rapide pour aller
chercher l’eau nécessaire au petit déjeuner, nous enchaînons
jusqu’au déjeuner avant de pouvoir mettre le nez dehors.
Nous sommes alors partis sous un ciel sans nuage pour faire
le tour des lacs côtiers. Le but était de faire
principalement des photos de fleurs. Nous avons également
vu un bœuf musqué fraîchement mort, en état de décomposition.
Dans l’eau des lacs, il y a présence de nombreux petits
poissons. Nous faisons également quelques photos de reflets
de glace dans l’eau du lac. C’est le dernier soir avant
le retour pour une nuit près de Sachs Harbour et nous
retournons faire des dernières photos de Cassiope tétragone
et récupérer les bois de caribou que nous avons repérés.
La
nuit a été très mouvementée. A deux heures, nous avons
été réveillé par une tempête avec des bourrasques que
nous avons estimées à plus de soixante dix kilomètres
heure. La tente est secouée dans tous les sens et l'espace
vital réduit par l’affaissement de la toile. Le pire
s’est produit à sept heures quand j’ai été obligée
de sortir pour un besoin pressant…. Lorsque j’ai ouvert
la fermeture éclair, le vent et un nuage de sable, (comme
nous étions sur une dune), se sont engouffrés dans la
tente et là, nous n’étions plus maître…. J’ai dû
rester à l’extérieur en tirant à deux mains sur les
arceaux… Jean-Marc et Robert sont venus au bout d’un
certain temps à notre secours (le bruit du vent les empêchait
d’attendre nos appels au secours ! !!). Nous
n’étions pas de trop à quatre pour maîtriser la toile.
Laurent, pour maintenir la tente et éviter que celle-ci
s’envole une fois les arceaux retirés, est resté dans
l’intérieur tout le temps du démontage… ce démontage
mémorable a valu une légère déchirure et un arceau alu
tordu, sans compter le plaisir de Jean-Marc à prendre
quelques photos de cette situation périlleuse…
Heureusement que ce n’est pas arrivé en début de trek.
Tant bien que mal, la tente est pliée et rangée à la hâte
dans le sac et c’est sous cette tempête de sable qui ne
semble pas décidée à se calmer que nous partons. Le vent
nous cingle. Une chance, nous l’avons dans le dos mais sa
force fait déporter notre sac à dos et nous avons peine à
marcher droit…. Le ciel est tout bleu. Nous n’avons pas
déjeuné mais seulement avaler du lait en poudre délayer
avec difficulté dans de l’eau froide et des céréales.
Pourtant, quinze kilomètres environ nous séparent de Sachs
Harbour et nous aimerions y être pour camper ce soir après
ce village Inuvialiut, à l’endroit de notre premier camp
de départ afin de voir l’évolution de la flore depuis
notre arrivée et voir si la neige et la banquise ont fondu.
Demain, c’est l’avion vers 14 heures pour le retour. A
mi-chemin, la tempête est derrière nous et quand nous nous
retournons, nous pouvons voir un paysage complètement
obstrué par un nuage de sable. Arrivés à Sachs Harbour,
nous faisons une petite pause barres de céréales. Des
enfants sont venus nous voir et nous ont posé des questions :
comment on s’appelle, d’où on vient…. , les visages
rayonnants. Nous avons, comme prévu, poursuivi notre chemin
sur quelques kilomètres afin de poser notre camp à
l’endroit du jour « 1 ».
Ce matin, c’est un drôle de sentiment qui nous envahi. Nous sommes tellement tristes de devoir partir et quitter cette île si mystérieuse et si sauvage. Nous sommes en admiration devant les habitants qui vivent dans de telles conditions, où la pêche, la chasse ; même s’ils sont maintenant motorisés, restent leur principale activité. La faune très craintive et la flore, de petite taille et aux couleurs très éclatantes sont très fascinantes. Les paysages désertiques à perte de vue sont diversifiés. Nous avons pu bénéficier des avantages de cette période de l’année où le jour est permanent et permet de vivre au gré du temps sans avoir à se soucier du risque d’être pris par la nuit….Comme les hivers où les températures descendent à environ –40 et où la nuit est permanente doivent être difficiles à vivre ! L’heure est venue de mettre nos sacs dans l’avion et d’y prendre place. Nous survolons la banquise qui a diminué de volume depuis notre arrivée et regardons l’île de Banks s’éloigner puis disparaître de nos yeux…..
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